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Ebullition autour de la télésurveillance médicale : quelles perspectives ?


La télésurveillance médicale, quézaco ?

Il s’agit d’une forme de télémédecine au même titre que la téléconsultation1. Autrement dit : une forme de pratique médicale à distance qui s’appuie sur les technologies d’information et de communication1.

La télésurveillance médicale a pour objectif de permettre à un professionnel médical d’interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical d’un patient2. Le cas échéant, le professionnel médical est en mesure de prendre les décisions adaptées relatives à la prise en charge du patient2.

Vers un nouveau mode de suivi des patients chroniques ?

La télésurveillance médicale suscite actuellement un fort intérêt en France, en particulier pour répondre à un enjeu majeur de santé publique : le suivi approfondi des maladies chroniques3,4. Selon les derniers chiffres de l’Assurance Maladie, 20 millions de français sont concernés par des traitements liés à une pathologie chronique, soit 35 % de la population5.

Le déploiement de la télésurveillance médicale pour tous les patients atteints de maladies chroniques présente plusieurs objectifs majeurs, comme en témoigne un rapport des instances de santé publique3. Les objectifs visés sont :

  • une meilleure prise en charge des patients grâce au suivi plus fréquent d’indicateurs des maladies (poids, tension artérielle…) ;
  • une prévention des complications et donc des hospitalisations ;
  • une meilleure qualité de vie des patients ;
  • une réduction des dépenses de santé.

Tous ces objectifs rejoignent finalement le concept de Value-Based HealthCare, une approche centrée sur la valeur délivrée aux patients. On identifie les ruptures dans le parcours de soins et on apporte des solutions concrètes pour améliorer le système de santé dans son ensemble.

De nombreuses expérimentations en cours en France

Le déploiement de la télésurveillance pour les maladies chroniques a été définie comme une priorité en France3. Pour y parvenir, le Ministère de la Santé a lancé en 2014 le programme national ETAPES, Néanmoins, les expérimentations ETAPES arrivent à leur terme en 2022.

Plusieurs expérimentations de télésurveillance médicale ont ainsi pu être lancées. Les projets concernaient initialement 3 maladies chroniques : l’insuffisance cardiaque chronique, l’insuffisance rénale chronique et l’insuffisance respiratoire chronique4. En 2017, la télésurveillance du diabète et celle des patients porteurs de prothèses cardiaques implantables ont été intégrées au programme4.

Des résultats très encourageants auprès de patients insuffisants cardiaques

Parmi les expérimentations menées, certaines ont d’ores et déjà montré des résultats très encourageants pour améliorer le suivi des patients chroniques3. C’est notamment le cas du programme de télésurveillance SCAD (Suivi Clinique A Domicile) mené en Normandie auprès de plus de 1 000 patients atteints d’insuffisance cardiaque (incapacité du cœur à maintenir un débit cardiaque suffisant pour satisfaire les besoins de l’organisme)7.

L’intérêt de ce programme de télésurveillance a été évalué auprès de 90 patients dans le cadre de l’étude clinique SEDIC (Suivi Educatif à Domicile dans l’Insuffisance Cardiaque)7. Tous les patients étaient âgés de plus de 65 ans et avaient été hospitalisés pour insuffisance cardiaque aiguë. Ils ont été scindés en deux groupes :

  • un premier groupe de 45 patients a suivi le programme de télésurveillance SCAD pendant 3 mois ;
  • un second groupe de 45 patients, dit « groupe témoin », a reçu un suivi « classique ».

L’analyse comparative a mis en évidence les résultats suivants7 :

  • une proportion de patients réhospitalisés significativement plus faible dans le groupe de patients télésurveillés (26 % de patients réhospitalisés dans l’année dans ce groupe contre 53 % dans le groupe témoin) ;
  • une mortalité intra-hospitalière plus faible lors de la réhospitalisation pour insuffisance cardiaque pour les patients suivis par télémédecine. (18,2 % contre 0 % ; p>0,02).

Des résultats très positifs au regard des derniers chiffres alarmants de l’insuffisance cardiaque en France :

  • 1,5 million de personnes concernées8
  • Plus de 150 000 hospitalisations9
  • 50 % de réadmissions dans l’année10
  • Près de 70 000 décès par an8,9

Pr Sabatier, professeur associé en télémédecine au CHU de Caen.
Plus de détails sur le projet de télésurveillance médicale SCAD pour les patients atteints d’insuffisance cardiaque

Docteur en cardiologie et professeur associé en télémédecine au CHU de Caen, le Pr Rémi Sabatier nous en dit plus sur le projet de télésurveillance, qu’il mène avec l’APRIC (Association pour l’amélioration de la prise en charge de l’insuffisance cardiaque), le SCAD (Suivi Clinique à Domicile). Les équipes d’Amgen ont apporté leur soutien institutionnel au programme.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’origine de cette expérimentation ?

Pr Rémi Sabatier (RS) : « Si la mise en place du programme de télésurveillance SCAD a eu lieu en 2007, les prémices du projet remontent à une quinzaine d’années. A cette époque, la télésurveillance médicale était peu connue en France. La réflexion autour du projet s’est nourrie de projets menés avec succès au Canada. »

Quelle est l’originalité du programme ?

RS : « Le programme a la particularité d’associer télésurveillance médicale et accompagnement thérapeutique. Le patient reçoit un certain nombre d’informations à visée préventive, notamment concernant son régime alimentaire et son activité physique. »

Comment ça marche concrètement ?

RS : « Une tablette intégrant la solution est mise à la disposition des patients. Chaque jour, ils doivent répondre à une série de questions. Ensuite, un algorithme intelligent interprète les réponses et peut informer les patients sur les bonnes pratiques à mettre en place. En parallèle, un(e) infirmier(e) peut analyser à distance les réponses des patients et, le cas échéant, prendre les mesures adaptées. »

Qu’avez-vous observé auprès des patients ayant suivi sur le programme ?

RS : « Il est intéressant de relever l’autonomisation et la responsabilisation du patient. Celui-ci reçoit toutes les informations pour être véritablement acteur de sa santé. On constate d’ailleurs un changement de comportement pérenne, et ce même après l’arrêt du programme. L’objectif n’est en effet pas d’équiper les patients à vie mais de leur permettre d’acquérir les connaissances nécessaires à la prévention des complications et des ré-hospitalisations. »

Quelles sont les perspectives du programme ?

RS : « Le programme a apporté les preuves de sa fiabilité et de son efficacité pour les patients atteints d’insuffisance cardiaque. Il est indéniable qu’il représente un soin aussi important que les autres. Bien entendu, le projet sera amené à évoluer pour répondre au plus près aux besoins. Le développement d’outils de mesure médicale connectés constitue notamment une piste intéressante pour améliorer la finesse des analyses. »

Quels sont les enjeux futurs pour la télésurveillance ?

RS : « Il va notamment être important de ne pas développer un programme de télésurveillance pour le suivi d’une seule maladie, mais plutôt d’avoir une plateforme commune pour le suivi de différentes pathologies. Cette approche permettra entre autres de répondre aux enjeux liés à la prise en charge des patients polypathologiques (patients présentant plusieurs pathologies). »

Remerciements au Pr Rémi Sabatier pour ses réponses.

Interview réalisée le 3 mai 2019.

Références :

  1. Ministère des Solidarités et de la Santé. La télémédecine. 14 septembre 2018. Article en ligne : https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/telesante-pour-l-acces-de-tous-a-des-soins-a-distance/article/la-teleconsultation (Consulté le 05/10/2022).
  2. Ministère des Solidarités et de la Santé. ÉTAPES : Expérimentations de Télémédecine pour l’Amélioration des Parcours En Santé. 30 Février 2021. Article en ligne : https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/telesante-pour-l-acces-de-tous-a-des-soins-a-distance/article/la-telesurveillance-etapes (Consulté le 05/10/2022).
  3. Direction de l’Hospitalisation et de l’Offre de Soins / Ministère de la Santé et des Sports. Rapport – La place de la télémédecine dans l’organisation des soins. Novembre 2008. 160 pages.
  4. Direction Générale de l’Offre de Soins / Ministère des Solidarités et de la Santé. Rapport au Parlement sur les expérimentations en télémédecine. Décembre 2017. 20 pages.
  5. CNAMTS. Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses. Propositions de l’Assurance Maladie pour 2018. Juillet 2017. 206 pages.
  6. Harvard Business School - Institute for Strategy & Competitiveness. Value-Based Health Care Delivery. Article en ligne : https://www.isc.hbs.edu/health-care/vbhcd/pages/default.aspx (Consulté le 05/10/2022).
  7. Apric. L’étude SEDIC. Article en ligne : https://www.norm-uni.fr/portail.pro/minisite_36/scad/l-etude-sedic/l-etude-sedic,1861,2566.html (Consulté le 05/10/2022).
  8. Cardio-Online / SFC. Un tiers des patients sortant d'hospitalisation pour décompensation cardiaque n'ont pas conscience d'être insuffisants cardiaques. 11 septembre 2018. Article en ligne : https://www.cardio-online.fr/Actualites/Depeches/Un-patient-sur-trois-hospitalise-pour-decompensation-cardiaque-sort-sans-savoir-etre-insuffisant-cardiaque (Consulté le 05/10/2022).
  9. Fondation Recherche Médicale. L’insuffisance cardiaque en chiffres. Article en ligne : https://www.frm.org/recherches-maladies-cardiovasculaires/insuffisance-cardiaque/l- insuffisance-cardiaque-en-chiffres (Consulté le 05/10/2022).
  10. HAS. Note méthodologique et de synthèse documentaire. Comment organiser la sortie des patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque ? Avril 2015. 43 pages.

FR-NPS-1022-00002 – Octobre 2022

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